"Donner la vie, c'est donner la mort...nous sommes tous des meurtriers."[libre]

Essouflée, j'arrivais dans cet endroit. Une vague de nostalgie me submergea. C'était ici que j'avais rencontrée Contraste. Je m'arrêtai un instant, le ventre secoué par de violentes contractions. Cela faisait deux ans, déja ! Une petite pensée envers ma "Grande soeur", elle qui allait être tante...de petits louveteaux...
Je m'allongeai sous les racines d'un grand arbre, près de la rivière où je m'étais baignée avec la grande jument...je m'allongeai, les flancs brûlants, la respiration fort bruyante, et le regard appeuré...

"La douleur n'est pas forcément synonyme de malheur. Certes, nous préférons la contourner. Mais certaines fois, il faut la traverser, pour pouvoir venir en aide à un être qui nous est cher. C'est alors que nous pouvons parler de douleur bénigne. Celle qui nous redonne espoir. Par exemple, donner la vie à quelqu'un. Mais cette douleur reviendra un jour. Le jour de leur mort. Donner la vie, c'est donner la mort. Nous sommes tous des meurtriers."

Des instants de douleurs plus tard, mes spasmes s'apaisèrent. J'aperçut derrière moi des petites boules grises. Cette pensée me pris d'un haut-le-coeur. Moi, mère ? Qui aurai pu l'imaginer ? En même temps, je n'allais pas m'en pleindre...moi qui rêvai d'une vie extraordinaire, je préférai l'avoir quelqu'un à mes côtés. Je lêchai alors vivement mes...petits. Une petite louve, et un petit loup. Tout aussi beaux l'un et l'autre. Je les posai alors vivementcontre mon ventre, où les attendaient du bon lait chaud. Cela me faisait d'ailleurs une drôle de sensation. J'aurai alors quelqu'un à protègerer. Là, je serai forte. Et je tuerai Ruh' Na.
D'un beau regard affectif, j'observai mes louveteaux.
-Ruukian, Shioban, voici la Lumière ! Voici le jour, mes enfants. Que ces paroles soient gravées en vos coeurs à tout jamais, petits êtres !

Mais je n'avais pas pensé à me mettre sous le vent. Quelqu'un avait repéré mon odeur. Et j'étais encore trop faible pour courir. Alors je me levai, et mis les louveteaux dans une cache, sous les racines de l'arbre. Je me postai devant, les crocs luisants, à la faible lueur de la pleine lune.

[c'est Shiva]

L'odeur du sang avait attiré mon attention alors que je chassais dans la vallée. Les fleurs me chatouillaient le nez, et le vent emportait leur pollen à travers tout TOA. Le printemps, l'été, ces deux saisons m'apaisaient, me rendaient joyeuse.
Je me dirigea vers la source de cette odeur. Peut être une envie paresseuse, mais je ne voulais pas vraiment chasser aujourd'hui. A l'abri des arbres bas, j'aperçus des crocs luire, des yeux dorés me lancer des éclairs, et un grondement sourd parvint à mes oreilles. Reconnaissable entre tous. Je me stoppa et dis d'une voix calme:

-Bien le bonjours, Plume Légère...

Elle avait l'air essoufflé, fatigué, mais toujours aussi forte. Quelque chose avait changé en elle, changé en bien...C'est alors que je compris:

-Que je suis idiote, je souris, j'aurais pu y penser plus tôt. Alors, tu es mère ? Tu as de la chance.

Venant de quitter la meute et Shiva pour une petite partie de chasse solitaire, je fus étonnée, de retrouver son odeur dans l'air. J'humai cette trace, qui me conduisit tout près de la vallée fleurie, mes deux lièvres morts toujours dans la gueule. Les rayons éclaboussaient les fleurs, et la rivière étincelait de mille feux. Et près de ce coulis d'eau, je reconnus bien évidemment ma Shiva, ma chef de clan, et l'ancienne dominante, Plume Légère. J'avais eu quelques différents avec elle, sous l'emprise de la maladie. Et puis, elle n'avait pas le caractère facile. Mais durant un long moment, elle nous avait guidé sans erreur, et je la respectais, et l'aimais pour cela. En quelques foulées, je fus auprès d'elles. Quelle ne fut pas ma surprise, quand je découvris deux petites boules de poils, baillant avec un petit gémissement de faim.
- Oh... ! Plume ! Oh je suis si heureuse pour toi ! Des louvetaux.
Mes yeux s'attendrirent, tandis que je comtemplais ses protégés. Ils réveillèrent en moi mon instinct maternel, m'arrachant une petite douleur... cela faisait longtemps que je n'vais pas vu Indian, elle me manquait tant. Après une rapide courbette plus ou moins soumise envers Shiva, car nos relations étaient un peu ambigus depusi Amnésie, je déposai aux pied de Plume, en sueur, les deux lièvres.
- Mange ! Il faut que tu prennes des forces pour donner du lait a tes petiots !

Je me calmai seulement quelques temps après l'apparition de la louve blanche aux yeux d'or. J'inclinai la tête, en guise de réponse à ses questions. Mais je restai vigilante. L'odeur d'un deuxième loup me surpris. Une louve. Aliona. Je n'avais pas de très bons souvenirs avec elle. Non, je ne l'apréciait pas tellement. On allai quand même pas m'obliger à aimer tout le monde, non ?
Bon...toujours est-il qu'elle eut la gentillesse de me donner à manger. Je ne refusai certainement pas. Je m'aprochai du premier lièvre, que je pris entre mes machoires, puis je partis en direction de la cache. Me couchant entre Ruukian, et Shioban, je commençait mon festin. Le lièvre semblait être des plus gros, et Aliona être une grande chasseuse. Du rongeur il ne restai plus que les os. J'en déposai un petit en face de chaque louveteau, qui commençaient à les machouiller de leurs minuscules dents, avant de partir jouer entre frère et soeur.

-Merci...ce sont les louveteaux d'Enfer...Shioban, et Ruukian...

Aliona nous avait rejoint, deux gros lièvres dans la gueule. Elle baissa la tête devant moi et répondis d'un petit grognement. Elle m'avait manqué de respect par la faute d'Amnésie et je ne savais pas encore si je devais me montrer dure ou indulgente. Si je faisais la sévère, cela était injuste envers elle car elle n'était pas maitresse de son esprit. Mais si je ne l'étais pas, les autres verraient peut être là une preuve de ma propre faiblesse à diriger le clan ?
Toujours est-il qu'elle offrit un lièvre à Plume qui l'accepta, quoique méfiante. Je m'allongea non loin d'elle et observa les louveteaux jouer ensemble. L'un d'eux, le petit mâle, s'avança vers moi et m'aboya au museau. Je me mis à rire.

-A peine né et déjà une petite terreur, ce sont bien là les enfants d'Enfer et d'une grande guerrière.

Plus sérieusement je repris:

-Qu'en est-il du combat entre Enfer et son père ? Et toi ? Que deviens-tu ? Il y a longtemps qu'on ne s'est pas vu.

*Pas depuis que la maladie l'avait frappé.*

Le père était Enfer, bien sur. Plume avait tout de même quitté le clan pour lui, même si ce n'était pas un reproche. Elle accepta sans mot l'animal, tandis que je regarais les deux petites boules de poils qui gambadaient déja. Cela ne faisais aucun doute, ces deux serait bien vite connu a TOA.
Le regard peu amical que je jeta Plume me pinca le coeur. Avec Shiva, elle était, non pas gentille, mais appréciable.
Moi, je l'aimais et la respectais, malgré notre bagarre due a la maladie, qui avait été due a mon envie de lui porter secours.
- Ou est Enfer ? Lancai-je

[Désolée du retard, j'avais à faire ^^]

L'embaras me saisis, ne sachant que répondre à cette question. Où est Enfer exactement ? Mon Enfer ? Je ne savais pas tellement...il ne pouvais pas être mort. Du moins, je ne pouvais m'y résoudre. Il me parlait d'Enfer, de père et de ténèbres...je n'y ai pas saisi un mot. Tout ce dont j'étais capable de souffler étais qu'il me manquait. Mon amour... Bref, je bafouillais une sorte de "Je ne sais pas...ailleurs..." adressé à Aliona, mais tout en mangeant des syllabes. Je m'assis alors en face des loups, le regard fouillant toujours les allentours, méfiante.
Mais le regard de Shiva, et celui d'Aliona me lançaient des éclairs. Pourquoi une telle agressivité ? Si elle venaient à penser à attaquer mes louveteaux, par jalousie, je n'hésiterai pas. Je les tuerais. J'en avais bien la force, maintenant, le ventre plein. Mais Ruukian vient se coller à ma^patte, avec un léger sourire canin. J'en restai émue. Puis Shioban monta debout sur sa soeur, essayant de me mordre l'oreille gentillement. Leur petit regard de nouveau né m'attendrissaient. *Mais oui, bien sur que je vous aime, mes amours...* Baissant la tête vers leurs petite truffes humides, je fis descendre d'un geste doux de tête le petit ainé de sa soeur. Je leur apprendrai le respect, à ces petites boules !

Plume bredouilla un "je ne sais pas" rapide. Son bien aimé avait disparu, j'espérais pour elle qu'il reviendrait. J'observa un instant les louveteaux jouer entre eux, comme la scène était attendrissante.
Puis, l'attitude de la belle noire changea brusquement. Elle nous regardais d'un air de défis. Je devina sans peine pourquoi. Il est vrai que nous étions assez tendues Aliona et moi suite à notre dernière rencontre. Je tenta de rassurer Plume:

-Nous ne te voulons pas de mal à toi ou aux petits, c'est juste qu'avec tous ces démons dehors, l'ambiance est assez tendue.

Et voila, elle me regardait encore avec agressivité. Si Amnésie avait encore été consciente, elle aurait dit que je devenais parano ! Mais cette démone, cette parasite n'était plus là, et je controlais seule mon esprit !
- Merci de ta réponse. Ne te sens pas obligée.
Et j'ajoutai, de ma voix douce, celle que je reservais a ma pouliche, celle que mes amis connaissait, celle que me reprochais Lazarus.
- Plume, c'est ton caractère, et en plus tu te sens de protéger tes louvetaux. Mais je...
Je lançai un regard vers Shiva. Peut-être étais-je rabaissée dans son estime, mais elle n'en restait pas moins Shiva.
- Nous ne ferons jamais aucun mal a tes petits. Tu peux en être sure. Et puisque tu fais encore un peu partie du clan, nous les protégerons si necessaire. Comme nos petits.
La règle du clan. Elle s'appliquait a Plume, Shiva ne me contredirait pas la dessus. Mais toujours ce froid dans les yeux des deux louves. Pourtant j'avais vue ma mère, quand Amnésie s'était extrait de moi. Elle me l'avait dit, que je faisais le bien. Pourtant, en présence de ces deux la, j'avais l'impression d'être un.. parasite, une vulgaire et pitoyable bestiole. Je me rendis compte que je souffaris de cela. Parce que ma véritable personnalité, je l'avais découvert, c'était de faire le bien. De donner un sourire. Mais en ce moment, j'allais a l'inverse de mes principes. Elles me detestaient.

S'occuper de mes louveteaux comme si c'étais les leurs ? Mais je ne leur permettrai pas ! Mes louveteaux...deux petits innocents qui semblaient souffrir en voyant leur fatrie... D'un regard je fis comprendre à Aliona qu'elle n'avais pas sorti une phrase qui me faisai plaisir. Je n'avais pas tellement d'affinité avec elle...ni avec Shiva. Bien que j'ai donné mon poste de chef à cette dernière. Mais je n'accepterai en aucun cas qu'elles me prennent mes petits...que j'ai réussi à avoir avec douleur. J'étais fière d'avoir des enfants qui pourraient se faire respecter, avec des parents pareils. Ce n'est pas pour me vanter, mais je crois que je suis plus forte au combat que la plupart des loups de ce continent. Je n'en ai trouvé qu'un de plus fort que moi. Enfer. Les yeux baissés vers le sol, j'observait les petites pattes grises et blanches de Ruukian et de son frère. Qu'elle étais belle ! Et son frère lui ressemblait tellement ! Impossible de les distinguer...si ce n'est l'ampleur de leurs yeux. Ruukian avait un regard doré très doux, qui se posait sur les autres avec douceur...celui de Shioban étais beaucou plus intense...Personne ne pouvais détacher son regard du sien s'il nous fixai. Ils étaient magnifiques...j'étais fière d'eux. Tellement que je ne regardai même plus Shiva et Aliona. Je n'avais rien contre elles, mais je préférait les éviter pour l'instant.

La phrase d'Aliona sembla énerver Plumy. Il était normal qu'en tant que nouvelle mère elle ne voulait confier ses enfants à personne. Pourtant, dans un clan il était fréquent que les femelles du groupe s'entre-aide. Enfin, je n'allais pas en parler, la belle noire était solitaire à présent. Je me demandais toutefois si elle me considérais comme une amie. Mais j'en doutais vue son attitude glacée envers moi.
Perdue dans la contemplation des louveteaux, elle nous avait complètement oublié. Je changea de sujet, espérant tomber sur un qui ne la fâcherait pas:

-Comment s'appellent-ils ? Et Contraste, elle est au courant ? Elle va vraiment être ravie, je la voie d'ici poser toutes sortes de questions.

Je riais en imaginant la tête de la jument.

Encore ce regard glacé, qui me déchirait la poitrine. Elle me considérait comme dangereuse. Chaque phrase que je prononçais, tentant d'être le plus aimable, gentille possible, elle le refusait. Plume était si bornée, si peu ouverte d'esprit... si... Seul Enfer trouvait grace a ses yeux. Pourquoi ? Parce qu'il était fort. Et moi, j'étais minable, voila ce qu'elle tentait de me dire. Et Contraste, ah, une des seules a lui arracher une phrase.
Je savais exactement ce qu'Amnésie m'aurait soufflé, vicieuse :
- Tu n'es bonne a rien. Ton bien n'existe pas, tu ne sert strictement a ... rien. Encore une fois, le mot rien s'applique a toi.
Etait-elle encore là pour que je ressente ces paroles en moi. J'avais envie de hurler, de hurler a cette louve noire qu'elle mériterait d'être un animal sans conscience, égocentrique et hautaine. Méprisante même. Mais je ne le fis pas. J'évacuerais ma rage plus tard. Moi, je savaos me contenir. Me tenir tout court d'ailleurs. Je soufflai juste :
- Bon.
Après avoir déposé le deuxième lièvre a ses pieds, je lançais un dernier regards aux petits, qui ne bénéficierait jamais de ma présence, puisque leur mère me l'interdisait. Dommage... Leurs grand yeux paillettés rencontrèrent les miens, et j'espérais en silence que ces yeux là voiraient encore longtemps le monde. Peut-être seraient-il différent de leur mère. Je fis volte face, mi furieuse, mi peinée. Les lousp ne pleurent pas, jamais, mais la tristesse coulait silencieusement en moi. A part me choper une démone, je n'avais aucun atrait. Aucun. Mes pattes, ces lumières, ces ailes, me propulsèrent dans la prairie, loin, loin d'elle qui me donnait des idées contre moi...

Aliona se leva, déposa le second lièvre aux pattes de Plume et s'en allât sur ce simple mot:

-Bon.

Je l'observa faire. Puis, je glissa un regard à la belle noire. Aliona ne supportait pas l'indifférence, la haine et le mépris. Malheureusement c'est en partie ce qu'elle lisait dans les yeux de la louve. De plus, avec les événements de ces derniers jours, je me doutais bien qu'elle n'avait pas la forme.
Au bout d'un moment je me leva à mon tour et dis à Plume:

-Je dois y aller, je ne voudrais pas qu'elle retombe entre les griffes d'Amnésie.

Je jeta un dernier regard sur les louveteaux dont j'ignorais toujours le nom. De toute façon, je ne pensais pas les revoir avant longtemps, peut être même seraient-ils déjà grands.

-Fais bien attention à eux, les temps ne sont pas surs.

Je soupira face à mon idiotie avant d'ajouter pleine d'ironie:

-Bien sur, c'est un conseil stupide, je sais que tu le fera. Mais je suppose que c'est ce qu'on dit à une mère. Je n'en sais rien, moi je n'ai pas eu la chance de garder mes propres enfants alors...veilles bien sur les tiens.

Je m'élança hors de la cache à la poursuite d'Aliona.

Pas le temps d'avoir connu ses propres...? Elle aussi avait été mère alors...J'y étais peu-être allée un peu fort avec Aliona. Avec Shiva aussi. *Plume, ressaisis-toi, bon sang ! Tu est là, et ils ont besoin de toi !* Tête basse, j'écoutais le bruit de légers coussinets frapper doucement contre le sol recouvert de feuilles et d'herbe basse parsemée de fleurs. Quand ils furent partis, je jetai un regard doux envers Ruukian, qui, couchée sur une petite pierre, se donnait un air supérieur face à Shioban qui mordait sa queue. Eux ne connaissaient pas encore le monde qui les entoure. A moi de le leur apprendre. Cela ne saurait tarder. Comme Shiva l'avais si bien dit, les temps ne sont pas sûrs sur TOA. Il vallait mieux leur apprendre à se débrouiller seuls rapidement. Pour cela, je pris le mâle entre mes crocs, puis le posa devant moi. D'un coup de museau, je l'incitai à avancer devant. Sa soeur vint se placer à ses côtés, et nous partîmes, loin d'ici.